Une lecture du week-end : "Dans le doute. De la révolution sexuelle à la guerre culturelle", d'Ellen Willis (traduction par Fanny Quément)
Je voulais continuer à explorer les critiques de la famille ; et parmi les références disponibles en français mentionnées par Sophie Lewis, il y avait justement "La Famille, tu l'aimes ou tu la quittes" d'Ellen Willis.
Au final, en trois jours, j'ai enchaîné quasiment tous les écrits du recueil au sein duquel ce texte est traduit. La prose d'Ellen Willis est particulièrement vive et réflexive. "Dans le doute" s'ouvre sur le récit d'un procès pour viol où la personne qui se retrouve jugée n'est pas l'accusé, capturant le tableau judiciaire d'une époque (1975). D'autres textes investissent un registre autobiographique, l'autrice y partageant questionnements et doutes. Et la lecture de celui sur la famille complète bien l'essai de Sophie Lewis, en restituant comment une actrice de mouvements féministes des années 60-70 a pu vivre ce qui s'est joué et refermé alors autour de la revendication d'abolition de la famille.
C'est donc un recueil, témoignage historique d'une époque, mais qui entre aussi en résonance avec nombre d'enjeux très contemporains. Et même si je suis a priori assez imperméable à l'ancrage théorique (freudo-marxiste) croisé au fil des pages, ça ne m'a pas empêché de m'investir dans les mises en récit d'analyses proposées : c'est le genre de livre qui ouvre des espaces de réflexion, qui invite à se questionner.